Au moins 20 morts dans des affrontements militaires entre l’Inde et la Chine

Plusieurs soldats indiens et chinois ont été tués lors d’une confrontation au niveau de la frontière disputée au Ladakh, une première depuis 45 ans.

Un convoi de l’armée indienne fait route vers Leh, à la frontière de la Chine, à Gagangir le 17 juin 2020.

Un convoi de l’armée indienne fait route vers Leh, à la frontière de la Chine, à Gagangir le 17 juin 2020. TAUSEEF MUSTAFA / AFP

C’est le premier affrontement meurtrier entre les deux pays frontaliers depuis 45 ans. Après plusieurs semaines de tensions, des soldats chinois et indiens se sont affrontés dans un corps-à-corps d’une extrême violence, à plus de 4 000 mètres d’altitude, au cœur de l’Himalaya. Des combats qui ont fait au moins 20 morts du côté indien et 35 victimes chinoises, selon un rapport des renseignements américains, relayé par le quotidien indien « Times of India ».

L’armée indienne a d’abord annoncé mardi 16 juin, la mort d’un officier et de deux soldats, évoquant des morts « des deux côtés ». La Chine a, elle, évoqué des « morts et blessés », sans toutefois préciser dans quel camp.

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L’ONU a appelé à la « retenue », mardi soir alors que Washington a dit espérer une « solution pacifique » entre les deux puissances. De son côté, le Premier ministre indien, Narendra Modi a convoqué une réunion multipartite le 19 juin pour discuter de la situation dans les zones frontalières entre l’Inde et la Chine.

Aucune arme à feu mais des violents corps-à-corps

Il est difficile de connaître la raison exacte qui a déclenché cet affrontement et les deux pays s’accusent mutuellement d’être responsable. Un militaire indien basé dans la région a assuré à l’AFP qu’il n’y avait pas eu d’échange de tirs. « Aucune arme à feu n’a été utilisée. Il y a eu de violents corps-à-corps », a déclaré cette source, sous couvert de l’anonymat.

« Le 15 juin, des troupes indiennes ont gravement violé le consensus bilatéral et franchi la frontière à deux reprises, avant de se livrer à des activités illégales et de provoquer et d’attaquer des soldats chinois, avec pour résultat une grave confrontation physique », a déclaré devant la presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

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Le ministère indien des Affaires étrangères, par la voix de son porte-parole Anurag Srivastava, a attribué la responsabilité de l’affrontement à la Chine à travers « une tentative de changer unilatéralement le statu quo » à la frontière.

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Ce qui est sûr c’est que des troupes des deux puissances nucléaires sont engagées depuis début mai dans plusieurs face-à-face tendus dans cette région du Ladakh, à base de coups de poing, pierres et bâtons. La Chine et l’Inde avaient d’ailleurs renforcé leurs forces dans la vallée reculée de Galwan, dans l’Himalaya, rappelle le « New York Times ».

« Cela pourrait dégénérer en quelque chose de beaucoup plus gros »

Cette confrontation fait la une des journaux indiens, ce mercredi 17 juin. « La provocation est grave », selon le quotidien « Indian Express » dans son éditorial, affirmant que New Delhi doit « être préparé à l’escalade » mais « en étant conscient de ce que cela implique pour l’avenir ».

Si la situation « n’est pas correctement gérée, cela pourrait dégénérer en quelque chose de beaucoup plus gros que ce que nous imaginions au départ », a déclaré à l’AFP Harsh V. Pant, analyste à l’Observer Research Foundation de New Delhi. « Nous sommes loin de la Troisième Guerre mondiale », a tempéré Abraham Denmark, directeur du programme Asie du groupe de réflexion américain Wilson Center. « Mais c’est une situation explosive et dangereuse entre deux puissances nucléaires nationalistes à un moment où l’influence américaine a considérablement diminué ».

Pour l’heure, des hauts gradés des deux puissances s’entretiennent sur place pour désamorcer la situation, selon un communiqué de l’armée indienne. « La Chine et l’Inde sont d’accord pour continuer à résoudre les problèmes bilatéraux par le dialogue et la consultation », a assuré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, mardi 16 juin. Le Premier ministre indien a déclaré devant la presse ce mercredi 17 juin, que « l’Inde voulait la paix » et que le pays était « capable de donner une réponse convenable ».

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Des tensions récurrentes

L’Inde et la Chine se disputent depuis des décennies leur frontière commune, notamment les secteurs du Ladakh et de l’Arunachal Pradesh (est de l’Inde). Une guerre frontalière avait opposé les deux pays dans l’Himalaya en 1962 et s’était soldée par une défaite de l’Inde. Les 3 500 kilomètres de frontière sino-indienne sont définis par une « ligne de contrôle » assez floue, indique « Libération ».

La dernière altercation meurtrière entre militaires indiens et chinois datait de 1975, lorsque quatre soldats indiens avaient perdu la vie en Arunachal Pradesh.

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