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A picture taken during anti-regime protests on April 11, 2019 shows a huge billboard bearing an image of Alaa Salah, a Sudanese woman propelled to internet fame earlier this week after clips went viral of her leading powerful protest chants against Sudan's president, in the Sudanese capital Khartoum. Arabic writing next to her photo in a white gown reads:
AFP

Comment le Soudan a sombré pendant les trente ans de pouvoir d’Al-Bachir

Par  (Johannesburg, correspondant régional)
Publié le 12 avril 2019 à 14h04, modifié le 13 avril 2019 à 18h14

Temps de Lecture 17 min.

Les travaux se sont arrêtés sur Nile Street, l’artère lugubre longeant le fleuve côté Nil Bleu, au centre de Khartoum, où trônent deux palais présidentiels, l’un construit par les colons britanniques, l’autre par les Chinois un siècle plus tard, comme un raccourci de l’histoire.

Les grues sont immobiles, les carcasses de béton qui avaient poussé partout dans Khartoum en des temps meilleurs se couvrent d’une poussière ocre comme le désert, qui avance plus au nord. Tous ces chantiers ressemblent à des cimetières, sauf un. Impossible de le rater. Encore récemment, des ouvriers s’y activaient sur des échafaudages dressés le long de bâtiments aussi vastes que des aérogares, enjolivés de moulures et de colonnades : la Rome impériale, revue par Disney, au bord du Nil. Il ne s’agit pas d’un parc d’attractions, mais, comme le mentionne une pancarte, du « club de sport des services de renseignement ».

Qu’un pays en crise prenne soin de ses espions et songe que leur épanouissement physique reste un atout, même au prix de sacrifices financiers, n’a rien de surprenant, même s’il est peu courant que des services secrets affichent aussi gaiement leur présence. Mais l’extravagance de l’ouvrage, dans un pays dont les caisses sont vides et où les prix s’envolent (l’inflation atteint officiellement 70 %, mais pourrait dépasser le point d’hyperinflation de 100 %), en dit long sur la toute-puissance de l’institution qui encadre cette salle de sport cyclopéenne : le NISS (National Intelligence and Security Service).

Un Etat dans l’Etat. Créé pour protéger le régime – plus de l’armée que des menaces extérieures – et capable d’intégrer les miliciens de toutes les guerres civiles du Soudan pour constituer une force d’oppression et de surveillance des citoyens. C’est un acteur riche et puissant, qui effraie les institutions. Environ 70 % du budget de ce pays en banqueroute – que ne renflouent plus les pays du Golfe qui se sont payés en influence, en terres agricoles immenses ou en bras armés pour la guerre au Yémen – est ainsi absorbé par le secteur de la sécurité, au sein duquel le NISS reçoit le plus gros, et l’armée la portion congrue.

La répression implacable des agents du NISS

Les travaux du club de sport du NISS ont fini par cesser à leur tour. Ils ne sont que suspendus. C’est que, tout près, l’histoire immédiate du Soudan s’est accélérée. A partir du 6 avril, des centaines de milliers de personnes se sont mises à converger vers un complexe situé à quelques centaines de mètres de là, abritant à la fois le quartier général de l’armée, les bâtiments de l’armée de l’air et de la marine, ainsi que le ministère de la défense.

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