Engie, partenaire privilégié des géants de la tech, dans leurs objectifs de décarbonation

En 2019, Google a conclu avec Engie un contrat pour une capacité de 92 MW destiné à couvrir en partie la consommation de son data center de Saint-Ghislain.

Engie accompagne les géants de la tech dans la réalisation de leurs ambitieux objectifs de décarbonation. Le défi est immense, vu la demande croissante d’énergie qui émane des data centers à travers le monde. Vincent Verbeke, son nouveau CEO pour la Belgique, commente pour “Trends-Tendances” la stratégie du groupe dans ce domaine.

Les besoins en électricité des Gafam (Google, Amazon, ­Facebook, Apple, Microsoft) grandissent de manière spectaculaire suite à la multiplication des data centers qui supportent les services de cloud et digitaux, au développement de la conduite assistée et autonome, ou à l’essor du gaming ou des cryptomonnaies. Sans oublier les développements exponentiels liés à l’IA, qui nécessite des data centers dédiés. “Avec la croissance du secteur de la tech, les besoins énergétiques sont énormes et ne font qu’augmenter“, commente Vincent Verbeke, CEO depuis le 1er janvier d’Engie ­Belgium et membre du comité exécutif de l’unité Global Energy Management and Sales (GEMS).

IA et gaming

Les capacités de stockage et de gestion des données évoluent sans cesse. Ce qui implique de développer des centres de données additionnels. Ceux-ci ont deux sources de consommation majeures : les serveurs informatiques, qui traitent les données, et les systèmes de refroidissement. La généralisation de l’IA et l’émergence des cryptomonnaies seront les principaux vecteurs de l’augmentation de la consommation énergétique de ces infrastructures au cours des années qui viennent, prévoit l’Agence internationale de l’électricité. Une requête à ChatGPT demande près de 10 fois plus d’énergie (2,9 Wh) qu’une recherche sur Google (0,3 Wh), ce qui pose de nombreuses questions au niveau environnemental.

La tech représente aujourd’hui 2 % de la consommation électrique mondiale. Rien qu’en Europe, le secteur consomme 100 térawattheures. C’est plus que la consommation annuelle belge totale. Et d’ici à 2026, elle est amenée à doubler”, prévoit Vincent Verbeke. “A terme, il s’agira du secteur d’activité affichant la plus grande con­sommation électrique. C’est plus que le transport ferroviaire, et peut-être même plus que certaines activités de l’industrie pétrochimique. Le secteur digital évolue comme un acteur industriel incontournable dans le paysage économique d’un pays”, renchérit ­Stéphane Pirotte, directeur des ventes B to B pour l’Europe chez GEMS.

Stéphane Pirotte, directeur des ventes B to B pour l’Europe chez GEMS.

L’autre point important récemment relevé, à côté de l’IA et des cryptomonnaies, réside dans les besoins en énergie du gaming, met en avant l’ingénieur. “Le gaming est lui aussi un très gros consommateur de données de calcul. Les joueurs veulent de plus en plus d’expériences de jeu proches de la réalité, ce qui tire la demande électrique des data centers vers le haut. La conduite assistée ou la conduite autonome, tout ce qui est real-time, consomme énormément de data, ce qui amène à construire de nouveaux data centers.”

Pionnière

Engie fait dans ce contexte partie d’une sélection de groupes industriels qui accompagnent les grandes entreprises technologi­ques dans la réalisation de leurs objectifs de durabilité. L’enjeu est de garantir un approvisionnement fiable et continu d’électricité verte aux data centers, dont la consommation est constante, de jour comme de nuit. La société fait figure de pionnière en la matière. Depuis les années 2010, plusieurs entreprises dites early adopters ont signé avec le groupe ce qu’on appelle dans le jargon des “Green Power Purchase Agreements” (Green PPA). Ces contrats sur mesure permettent de décarboner significativement la consommation d’énergie. D’une durée pouvant aller jusqu’à 20 ans, ils les protègent aussi de la volatilité des prix.

Le secteur digital évolue comme un acteur industriel incontournable dans le paysage économique d’un pays.

Stéphane Pirotte, directeur des ventes B to B pour l’Europe chez GEMS.

Ces accords répondent aux stratégies environnementale et de responsabilité sociale ambitieuses développées par les Gafam, avec une place importante accordée à la neutralité carbone. Ainsi, Google vise le Net Zero Carbone en 2030, Microsoft s’active pour pouvoir afficher une empreinte carbone négative à la même échéance, et Amazon envisage d’alimenter ses sites avec 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2040.

Une collaboration 
“win-win”

“Depuis plusieurs années, Engie est le partenaire privilégié des géants du numérique dans leur démarche de décarbonation, nous confirme Vincent Verbeke. Notre salle des marchés à Bruxelles est le centre d’expertise du groupe pour la gestion des activités de trading d’électricité conventionnelle et décarbonée. La demande des Gafam colle parfaitement à notre raison d’être. Engie a pour mission d’accélérer la transition énergétique grâce à un mix combinant le renouvelable via l’éolien onshore et offshore et le solaire, mais aussi en s’appuyant sur la flexibilité apportée par les batteries et les centrales hydrauliques et au gaz bas carbone. Notre partenariat avec le monde de la tech est capital. Le secteur a besoin de nous pour obtenir de l’énergie décarbonée.”

Le country manager évoque également un “partenariat win-win” : “Il nous permet de développer plus d’actifs renouvelables mais aussi de répondre à nos besoins croissants en matière de gestion de données. Nous sommes aussi de gros consommateurs de data et d’algorithmes. En termes de gestion d’énergie, nous stockons en un jour la quantité de données stockées en un an il y a quelques années. Dans nos métiers, nous avons besoin de l’appui technologique de toutes ces sociétés-là.”

Lors du ­lancement ­officiel du chantier du futur data center de Google à ­Farciennes. 
L’investissement devrait être de ­l’ordre du milliard.

Pour chacun des projets visant le développement d’un nouveau data center de type hyperscale ou l’ouverture d’un nouveau hub digital, les Global Business Units de GEMS et Renewables d’Engie joignent leurs forces afin de sélectionner des projets durables géographiquement proches des sites choisis par les géants de la tech. “L’accès au réseau électrique est un élément essentiel. Un data center ne s’implante pas n’importe où. Les opérateurs digitaux continueront à investir en Belgique parce qu’on est proche des grandes métropoles comme Francfort, Londres, Paris, Amsterdam. Pour eux, avoisiner de grands centres de densité humaine et urbaine est important”, commente Stéphane Pirotte.

Google, partenaire 
de choix

En Belgique, pour tendre vers la double transition environnementale et numérique, l’entreprise dispose d’un partenaire de choix, qui n’est autre que Google. Depuis 15 ans, le géant américain a fait de notre pays une zone stratégique pour l’exploitation de ses centres de données. En 2019, il a conclu avec Engie un contrat portant sur une capacité de 92 MW. Destiné à couvrir une partie de la consommation du data center de Saint-­Ghislain, cet accord représentait le tout premier achat par Google d’énergie renouvelable provenant du parc éolien offshore Norther, en mer du Nord.

Vincent Verbeke, country manager d’Engie Belgique

Le géant du web a lancé la semaine dernière la construction de son deuxième data center belge dans l’Ecopôle, le nouveau parc d’activités économiques de Farciennes (Charleroi). Ce déploiement estimé à 1 milliard d’euros pour l’érection du premier bâtiment nécessitera, lui aussi, d’importants investissements en énergie verte. Il offrira de nouvelles opportunités de collaboration à Engie. “Il n’y a pas d’exclusive”, tient toutefois à préciser Vincent Verbeke. En plus de la collaboration avec Engie évoquée précédemment, Google a conclu en février des accords d’achat d’électricité avec Aspiravi et Luminus. “Grâce à nos partenaires, nous sommes sur la bonne voie pour exploiter nos bureaux et nos centres de données en Belgique en utilisant près de 85 % d’énergie sans carbone sur une base horaire locale en 2024″, laissent entendre les représentants de la branche belge de la société californienne.

La demande des Gafam colle parfaitement à notre mission d’accélérer la transition ­énergétique.

Vincent Verbeke, country manager d’Engie Belgique

Premier vendeur mondial de contrats verts

Parmi les autres partenaires ­d’Engie actifs dans le secteur digital, nous citerons Microsoft, qui a chargé en 2019 l’entreprise de l’approvisionner en électricité verte aux Etats-Unis. En 2020, Amazon signait plusieurs contrats d’achat d’électricité portant sur un portefeuille de projets éoliens et solaires aux Etats-Unis, en Italie et en France pour une capacité de 650 MW, soit le plus important portefeuille de contrats jamais conclu avec une même entreprise. Fin janvier, Amazon a signé un accord pour la fourniture de 473 MW d’énergie renouvelable provenant du parc éolien offshore de Moray West, au large de l’Ecosse. Ce qui lui permettra d’alimenter toutes ses activités avec 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2025, soit cinq ans avant son objectif initial.

Le parc éolien offshore Norther, en mer du Nord.

Engie peut ainsi se targuer d’être le premier vendeur mondial d’énergie décarbonée à l’intention du secteur B to B, selon le dernier rapport de BloombergNEF (janvier 2024), un cabinet d’analyse spécialisé dans les domaines de l’énergie, des transports et des technologies durables. En 2023, le groupe a signé 70 contrats sur six marchés, totalisant un record de 2,4 GW d’énergie propre pour les entreprises, dont environ deux tiers avec plusieurs des géants de la tech. Ces derniers figurent dans le top 10 des acheteurs mondiaux d’électricité renouvelable.

Engie dispose en Belgique d’une capacité installée de plus de 700 MW en énergies renouvelables, ce qui en fait l’un des premiers producteurs d’énergie verte. Le groupe a des ambitions fortes à l’horizon 2030 : 1000 MW éoliens terrestres, 1000 MW éoliens offshore et 300 MW solaires. Son objectif est d’atteindre net zéro carbone d’ici 2045 au niveau mondial.

L’alliance de la molécule 
et de l’électron

Pour atteindre ces objectifs ambitieux, la société énergétique dit aussi accorder une attention toute particulière aux molécules bas carbone. ‘‘L’électricité représente aujourd’hui environ 20 % des usages finaux en Europe, expose Vincent Verbeke. La demande va augmenter significativement car il faut électrifier les usages au maximum. Il faut développer un maximum d’électricité décarbonée dans le système, d’où le besoin énorme en énergies renouvelables et en flexibilité. Aucune technologie ne peut, à elle seule, permettre une transition énergétique fiable et abordable. A côté de l’électricité, nous sommes donc convaincus que nous aurons besoin de molécules et en particulier, de gaz décarboné. C’est pourquoi nous croyons à l’alliance de la molécule et de l’électron, qui combine les atouts du gaz avec ceux de l’électricité.”

“La transition énergétique est inarrêtable. On n’a pas le choix. J’irai même plus loin : cette transition est fortement désirable.”

Vincent Verbeke, country manager d’Engie Belgique

Les centrales au gaz, dont la nouvelle centrale de Flémalle, jouent elles aussi un rôle important pour la sécurité d’approvisionnement, estime par ailleurs le country manager. “Nous devons vraiment faire preuve de beaucoup d’humilité et nous dire que nous avons besoin de l’ensemble de ces technologies pour y arriver.” Le recours à l’hydrogène vert et bleu, avec l’appui de l’infrastructure de transport de Fluxys, est une autre possibilité qu’évoque Vincent Verbeke. Et celui-ci de conclure : “La transition énergétique est inarrêtable. On n’a pas le choix. J’irai même plus loin : cette transition est fortement désirable.

Des data centers très gourmands

Les data centers sont des infrastructures composées d’une installation informatique servant à héberger et centraliser des données. Très gourmands en stockage et en énergie de calculs, ils sont de trois types. Les premiers supportent les moteurs de recherche (Google,…), les sites de streaming (Netflix, YouTube), les réseaux de META (Facebook, Instagram, WhatsApp, etc). L’IA va bénéficier d’un boost incroyable et nécessite des infrastructures supplémentaires exclusivement dédiées. Les data centers dédiés aux cryptomonnaies font partie d’un troisième type plutôt installé aux États-Unis.

Dans la consommation énergétique d’un data center, 40% sont consacrés au traitement des données et aux capacités de calcul, 40 % aux systèmes de refroidissement et 20 % aux fonctions auxiliaires. Tout augmente de manière corrélée. À l’échelle mondiale, les data centers consomment 2 % de l’électricité mondiale. Ils sont à l’origine de 2 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales, atteignant le même niveau que le transport aérien. On dénombre près de 5000 data centers dans le monde, dont plus de 500 de type « hyperscales», conçus pour répondre à des besoins massifs de stockage, de traitement et de distribution de données numériques.

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