Comment pensera l’État avec ChatGPT ? Les douanes comme illustration de l’intelligence artificielle générative dans les administrations publiques

Cet article examine les enjeux propres à l’intelligence artificielle générative (IAG) dans les administrations publiques et les effets de sa nature langagière sur les interactions homme-machine. Au niveau organisationnel, les avantages de l’IAG sont la réduction des coûts par l’internalisation des tâches, l’uniformisation et la conformité du langage administratif, l’accès à un vaste corpus de connaissances et, potentiellement, un changement de paradigme dans la détection de la fraude. L’article tente de déconstruire les raisons de la défiance envers l’IAG. Les risques associés à l’IAG dans le secteur public sont souvent similaires à ceux associés à l’IA conventionnelle, mais si certains risques restent pertinents, d’autres le sont moins car la technologie de l’IAG en limite l’explicabilité donc aussi les usages dans les administrations publiques. Au niveau individuel, la nature « langagière » de l’IAG est une rupture profonde, par rapport à la nature « numérique » des systèmes d’IA mis en œuvre dans les administrations publiques jusqu’à présent. L’impact transformateur de l’IAG sur la production intellectuelle de l’État fait naître la crainte de remplacement ou plutôt d’asservissement des fonctionnaires aux machines. L’article plaide pour le développement de la vigilance et de la pensée critique comme compétences spécifiques pour les fonctionnaires qui sont devenus très spécialisés et qui devront penser avec une machine qui, elle, est éclectique par nature.
Citer

Cantens T. (2023) "Comment pensera l’État avec ChatGPT ? Les douanes comme illustration de l’intelligence artificielle générative dans les administrations publiques" Ferdi Document de travail P330, juillet.