Léo Mira (avatar)

Léo Mira

Abonné·e de Mediapart

224 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 janvier 2020

Léo Mira (avatar)

Léo Mira

Abonné·e de Mediapart

LA LÉGION D'HONNEUR DÉCERNÉE À BLACKROCK

Macron récompense le géant américain de Wall Street pour l’avoir aidé à préparer sa réforme des retraites

Léo Mira (avatar)

Léo Mira

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On savait Macron sous l’influence des lobbystes de BlackRock, géant des fonds de pension américains. On connaissait aussi sa proximité avec les grands patrons de ces fonds spéculatifs de Wall Street, dévoilée par le documentaire « Ces financiers qui dirigent le monde – BlackRock », diffusé par Arte en septembre 2019, dans lequel le réalisateur Tom Ockers révèle qu’Emmanuel Macron « avait déjà rencontré Larry Fink (PDG de BlackRock) à plusieurs reprises après sa prise de fonction » dans le but de « favoriser les privatisations en France. A cet effet, le président de la République a créé une commission dont l’un des membres n’est autre que le patron de BlackRock France, Jean-François Cirelli. Cet ancien conseiller du président Chirac (…) ne cesse de réclamer un recours accru aux fonds spéculatifs pour l’assurance vieillesse ».

Le journal L’Obs rapporte que dès le 6 juin 2017, le PDG de BlackRock « a été reçu en toute discrétion à l’Elysée, par le Président, et à Matignon ». Que trois semaines plus tard, le 28 juin 2017, Bruno Le Maire rencontre Larry Fink lors d’une visite à New York autour d’un « entretien bilatéral » et d’un « dîner d’attractivité ». Dans le journal Libération du 9 décembre 2019, Luc Peillon et Jacques Pezet relatent ces liaisons particulières, cachées au grand public par ces « grands médias télévisés», serviteurs du pouvoir macroniste : « Le 17 octobre 2017, le gouvernement mandate le Comité action publique 2022 (un groupe d’une trentaine d’experts) pour travailler sur la réforme de l’Etat. Parmi ses membres, on retrouve le président de BlackRock France, Jean-François Cirelli. C’est l’homme qu’on voit à la fin de l’extrait du documentaire d’Arte en train de défendre l’épargne-retraite sur le plateau des Echos en juin 2018 ou sur France info en juin 2019. Une semaine plus tard, le 25 octobre 2017, le PDG américain Larry Fink, accompagné de dirigeants de BlackRock et de 21 gestionnaires de fonds, est de retour à Matignon et l’Elysée, lors de la journée de réception décrite par le Canard enchaîné. Lors de cette visite, les financiers vont être chaleureusement reçus dans les ors du salon Murat de l’Elysée, où a lieu le Conseil des ministres, pour y assister à des exposés de plusieurs ministres : Muriel Pénicaud, Elisabeth Borne, Bruno Le Maire et Benjamin Griveaux. Le soir, ils dînent avec des ministres et Emmanuel Macron. » Auraient-ils oublié d’inviter Laurent Berger, ces indélicats ministres et président ? Dans un document interne à BlackRock publié le 11 décembre dernier par le quotidien l’Humanité, les auteurs détaillaient l'intérêt de développer l'épargne-retraite par capitalisation en France.

On savait tout cela, mais on n’imaginait pas qu’en plein conflit social contre cette réforme des retraites, Macron ait l’indécence et le cynisme de promouvoir au rang d’officier de la Légion d’honneur Jean-François Cirelli, patron du gestionnaire d’actifs Black-Rock France, principal bénéficiaire de cette réforme des retraites si celle-ci venait à être appliquée. Comme il a eu l’indécence de confier la représentation officielle de la France à l’étranger, à l’ex-président soupçonné de corruption et mis en examen. Comme il a eu l’indécence de transmettre son amitié, par l’intermédiaire de Nicolas Sarkozy, à Carlos Ghosn alors détenu au Japon et accusé par la justice nipponne d’abus de biens sociaux et de dissimulation de revenus au fisc. Comme il a aujourd’hui le cynisme de feindre d’ignorer les violences policières qui sévissent dans ce pays depuis plus d’un an.

Cette récompense à BlackRock confirme les liens du pouvoir avec la grande finance, mais aussi les raisons de cette réforme qui, à moins d’être de mauvaise foi ou stupide pour ne pas l’admettre, sont de détruire notre système solidaire actuel des retraites, pour favoriser le développement d’un système par capitalisation, qui comme aux États-Unis protège les plus fortunés et laisse sur le carreau la grande majorité des retraités.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.