Le pouvoir de la résilience, de l’innovation et de l’espoir

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Des personnes vivant dans des camps de personnes déplacées dans le district d’Amuria dans le nord de l’Ouganda montrent au personnel de la sensibilisation de la CPI comment la musique traditionnelle les aide à surmonter leur traumatisme résultant de la guerre. Alors que des rencontres en personne avaient lieu avant la pandémie, actuellement l’équipe chargée de la sensibilisation compte sur des moyens innovants, tels que des réunions en ligne, afin de continue à entendre ces récits d’espoir. Photos : © ICC-CPI


« Je me lève le matin, et je me retrouve au Soudan, en Géorgie ou en République centrafricaine. La possibilité de commencer chaque journée de travail dans un pays différent est fascinante.»  Il y a un an de cela, il était encore possible de voir Violeta, à la tête de l’Unité de la sensibilisation de la CPI, un jour travaillant au siège à la Haye, et un autre de Khartoum en Soudan, échangeant avec des journalistes qui couvrent les procès en cours. Le travail de Violeta continue à être mené chaque jour d’un pays différent, bien que virtuellement.  Caroline, Chargée de la Sensibilisation, se fait l’écho de cette expérience.

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Caroline en mission, avant la pandémie du COVID-19, pour dialoguer avec des personnes directement affectées par des crimes, ainsi que les médias, les ONG et la communauté juridique, afin de partager des connaissances sur la Cour.


Alors que la pandémie de COVID-19 a secoué le monde, il a fallu adapter les manières de communiquer au quotidien. La CPI a dû trouver de nouvelles voies de communication pour rester en contact avec les communautés affectées par des crimes et de nouvelles manières de partager des informations sur la CPI et son travail.

Résilience. Innovation. Espoir. L’idée derrière ces trois mots si simples a contribué à remodeler le travail de sensibilisation en 2020 et 2021.  


Le monde est mon bureau

De son salon dans une commune non loin de La Haye, Violeta reste en contact au quotidien avec ses collègues basés sur le terrain, ainsi qu’avec les communautés affectées, la société civile, les avocats, les associations du barreau, ou encore les étudiants, vivant à des milliers de kilomètres. « Notre rôle est de rapprocher les audiences de la Cour des personnes qui ne peuvent pas se rendre à la Cour, soit en les amenant dans la salle d’audience, soir en amenant la salle d’audience vers elles », dit Violeta.  

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Depuis son salon, dans une commune non loin de La Haye, Violeta continue à faire le lien entre les communautés affectées et la Cour, malgré la pandémie.


Lors d’une journée type, derrière son écran d’ordinateur, Caroline passe également d'une situation à l'autre, organisant des conférences, des formations en ligne et des séances d'information pour les médias ou les avocats, entre autres.

« Mon rôle est de faire en sorte que les personnes de ces pays se sentent proche de la Cour, qu’elles sachent que nous sommes à l’écoute et que leurs préoccupations soient prises en compte », dit Caroline. Elle ajoute que bien que certaines personnes puissent ne pas être satisfaites du résultat d’une procédure judiciaire, elles sont toujours reconnaissantes que leur voix soit entendue et qu'on leur ait montré de l'empathie et du soutien.

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Que ce soit en personne ou en ligne, nous continuerons à échanger avec des communautés affectées par des crimes et les tenir informées du travail de la Cour. L’accès à l’information est le premier pas vers l’accès à la justice.


« Nous avions l’habitude d’aller en mission pour partager des informations sur la Cour avec les médias, les ONG, et la communauté juridique », se souvient Caroline. « Les interactions en face à face inculquent la confiance, établissent des relations et façonnent la compréhension du travail de la Cour.  L’interaction directe avec des personnes dans les pays où la Cour enquête est très enrichissante ; c’est un rappel de l'importance du travail de la CPI », ajoute-t-elle.

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En collaboration avec des partenaires locaux, l’Unité de sensibilisation de la CPI crée des « galeries publiques virtuelles » afin que les communautés aient accès aux informations sur la Cour.

Avec la pandémie en cours, cette interaction est devenue virtuelle, ce qui rend difficile la tâche de garder le contact avec les personnes vivant dans des pays ou la technologie n’est actuellement pas développée. « Nous avons dû faire preuve de créativité pour adapter le type d’activité que nous organisons », dit Caroline.

Surmonter les défis

Parce que les réunions en face à face sont devenues difficiles à organiser et qu'il était quasi impossible d'atteindre physiquement les communautés affectées en raison de la pandémie du COVID-19, une vision d’une nouvelle sensibilisation a vu le jour. De l’ « extension de la galerie publique de la salle d’audience », la sensibilisation est passée à l’« extension de la galerie publique virtuelle », avec une plus grande portée, un contenu plus varié et un public mondial beaucoup plus vaste. La sensibilisation s’est tournée vers les plateformes en ligne pour organiser des formations et des webinaires, a fait usage des services de messagerie pour disséminer des matériels d’information aux partenaires, a créé des supports audiovisuels pour expliquer le mandat de la Cour par le biais d’animations, et a participé à des émissions de radio, pour atteindre une audience plus large.

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Que ce soit en face-à-face ou en ligne, nous continuerons à échanger avec des communautés affectées par des crimes et à les tenir informées du travail de la Cour. L’accès à l’information est le premier pas vers l’accès à la justice.

Résilience. Innovation. Espoir.

L’Unité de la Sensibilisation restera en quête de nouvelles manières de mener les activités, concevoir de nouveaux outils d'information et explorer de nouvelles voies de communication, tout cela avec un esprit curieux et ouvert.

2020 et 2021 étaient pavées d’obstacles mais, tel que le souligne Violeta, « bien que trouver des moyens d'atteindre les communautés ait été difficile, nous y sommes parvenus grâce à la résilience et au soutien de nos collègues et partenaires sur le terrain. »

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The power of resilience, innovation and hope

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People in IDP camps in Amuria district, Northern Uganda, show ICC Outreach how traditional music helps them address the trauma they experienced from war. While they could meet in person before the pandemic, Outreach is still hearing such stories of hope, thanks to innovations, local partners and virtual meetings online. All photos: © ICC-CPI


“I get up in the morning and I step right into Sudan or Georgia or Central African Republic. It’s magical to be able to start your work each day in a different country”. Up until a year ago, it would have been possible to see Violeta, leading the ICC Outreach Unit, one day in the office in The Hague, and the next one in Khartoum, Sudan, talking to journalists covering ongoing proceedings. Violeta’s work still starts each day in a different country, albeit virtually. Caroline, working as an Outreach officer, echoes this experience.

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Caroline on mission before COVID-19 struck, to engage with people directly affected by crimes as well as media, NGOs and the legal community, to share knowledge about the Court.


As the COVID-19 pandemic took everyone by surprise, the ways the world communicates had to change. The ICC needed to find new platforms to reach the communities affected by crimes and new ways to share knowledge about the Court and its work.

Resilience. Innovation. Hope. The ideas behind these three simple words helped reshape the work of Outreach in 2020 and 2021.

The world is my office

From her living room in a town not far from The Hague, Violeta is still daily in touch with colleagues in the field, but also affected communities, civil society, lawyers, bar associations or university students living thousands of kilometres away. “Our job is to give a view into the proceedings to the ones who cannot come to the Court, either by bringing them to the Courtroom, or bringing the Courtroom to them”, says Violeta.

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From her living room in a town not far from The Hague, Violeta is still connecting affected communities to the Court, despite the pandemic.


On a typical workday, sitting behind the computer screen in her home, Caroline would also hop from one situation to another, organizing lectures, online trainings and information sessions for media, or lawyers, for example. 

“My job is to make sure that people in these countries feel closer to the Court, that they feel heard and that their concerns are taken into account”. Caroline adds that some might not be fully satisfied with the outcome of a judicial process, but they are still grateful that their voices are heard and that they were shown empathy and support.

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Whether from home or in person, we’ll find ways to provide access to information about the Court, so people understand what the Court does, and feel a part of the process.


“We used to travel on missions to share knowledge about the Court with the media, NGOs, and the legal community”, recalls Caroline. Face-to-face interactions create trust, instil confidence, build relationships and shape the understanding of the work of the Court. “Interacting directly with people in countries where the Court is investigating is very rewarding, a reminder of the importance of the work of the ICC”, said Caroline.

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Working with local partners, ICC Outreach is creating “virtual public galleries” so communities have access to information about the Court.


With the ongoing pandemic, this interaction became virtual, making it harder to reach people in countries where technology is not advanced. “We had to be creative and change the type of activities we are organising”, said Caroline.


Overcoming ongoing challenges

Since face-to-face meetings became hard to organise and it was close to impossible to physically reach affected communities due to the COVID-19 pandemic, a vision of a new Outreach has emerged. From an extension of “the public gallery of the courtroom” – as it was known previously – Outreach became an extension of “the virtual public gallery” with greater capacity, more content and a much larger global audience. Outreach turned to video platforms to organise trainings and webinars, used messaging services to share information materials with partners, created audio-visual aids explaining the Court’s mandate through animations and video graphics and participated in radio programmes to reach the widest audience.

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Whether face-to-face or online, we will continue to engage with communities affected by crimes and keep them informed of the Court’s work. Access to information is the first step towards access to justice.


Resilience, innovation, hope

Outreach will continue to explore new ways of conducting activities, designing new information tools and opening new communication channels, all this with curiosity and open minds.

2020 and 2021 might have been paved with obstacles but – to quote Violeta – “finding ways to reach the people was tough, and we’ve made it with resilience and a lot of support from colleagues and partners on the ground”.

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Access to information, no matter the distance

With Rosmon Zokoue 

Everyone – from general public, to media, to the NGO sector – everyone in the Central African Republic was waiting for the opening statements of the trial in the case of Alfred Yekatom and Patrice-Edouard Ngaïssona, on 16 February 2021 at the seat of the International Criminal Court. The two alleged former leaders of the Anti-Balaka movement are charged with war crimes and crimes against humanity allegedly committed in late 2013, and throughout 2014, in various locations in the Central African Republic (CAR). At the moment, the Prosecution is calling its witnesses.

A few months later, I reflect on our main task at the time, and at the moment: making sure information coming from the courtroom in The Hague, thousands of kilometres away, reaches those interested in the Central African Republic.

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One would think that in the age of the Internet, that wouldn’t be such a problem. But Internet isn’t available everywhere and at all times. For the opening of the trial, we needed to go the extra mile to find a way how to broadcast it: for those in the remote areas, but also in Bangui – while the number of COVID-19 cases kept on rising, and following the December 2020 bursts of violence, shaking the soil of the Central African Republic.

It seemed as if the odds were against the public following the trial.

What to do?

Many journalists and members of the civil society had daily contacts with the Court, in order to follow the schedule of the trial but also to find out about the ways to follow the proceedings.

For this trial, the ICC Outreach in the Central African Republic wanted to secure a continuous broadcast. Unfortunately, logistical, security and health challenges didn’t help. I was still confident and counted on the media to help us reach people outside of Bangui, in  Berbérati, Bouar, Birao or Bria, but also beyond the borders of the Central African Republic.

On our side, we had to find a way and a place where to stream the trial. We needed a trusted partner – and found it at the Special Criminal Court.

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The ICC office in CAR, whenever possible, and having in mind the independence of each jurisdiction, regularly coordinates activities with the national jurisdictions and the Special Criminal Court. The latter is a hybrid court, composed of international and national magistrates, established by the United Nations and the Central African government. They all contribute to transitional justice and reconciliation in CAR. The three independent  jurisdictions – the ICC, the Special Criminal Court, and national jurisdictions – together with other legal entities in the country, all work for justice in CAR. Our communication efforts with each other serve the same goal: to end impunity.

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On the day of the opening statements, more than 130 people gathered at the Special Criminal Court in Bangui. Representatives of victims’ associations, members of international organisations and national institutions, as well as journalists, all followed the live web-streaming of the opening statements, despite the thousands of kilometres separating them from the Courtroom in the Hague.

The room was filled with emotion. The audience  was bursting as the Prosecution was listing the charges, one by one. The statements of the Defence and of the Legal representatives of victims followed, and those present kept on listening with the same attention.

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“The opening of the trial is the first step in establishing the truth of what happened”, visitors told us later on.

“The trial will give hope to those who don’t always trust justice: We can see in our [victims’] associations that members are at times discouraged. The length of the proceedings is what is concerning to them. I do think, however, that with the trial starting, we will be able to tell them that the wheels of justice have started turning”, one of the visitors from the victims’ association added.

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The big screen mounted in the hearings room of the Special Criminal Court for the streaming of the trial was part of an ongoing campaign, “Le Grand Débat sur la Justice”, crafted to enable access to information to all. This campaign became known through radio programmes and was advertised on billboards across Bangui and its surroundings. It is yet another way to bridge the gap between the seat of the Court and the public in Central African Republic.

A few months later, I am asking myself: despite the distance, despite the pandemic, did we succeed in our task to enable access to information. Hearing the voices of victims and their thirst for justice, I think we did.

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Accès à l’information quelle que soit la distance

Avec Rosmon Zokoue

Tout le monde – du grand public, aux médias, au secteur des ONG – tout le monde en République centrafricaine attendait les déclarations d'ouverture du procès dans l'affaire Alfred Yekatom et Patrice-Edouard Ngaïssona le 16 février 2021 devant la Cour pénale internationale (CPI). Les deux présumés anciens chefs du mouvement Anti-Balaka sont accusés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui auraient été perpétrés fin 2013 et au cours de l’année 2014, dans divers endroits de la République centrafricaine (RCA). En ce moment, l'Accusation appelle ses témoins.

Quelques mois plus tard, je songe à notre tâche principale à l'époque et à l'heure actuelle : faire en sorte que les informations provenant de la salle d'audience de La Haye, à des milliers de kilomètres de là, parviennent à ceux qui s'y intéressent en RCA.

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On pourrait penser qu'à l’époque de l'Internet, ceci ne poserait pas de problème. Mais l’Internet n'est pas présente partout et à tout moment. Pour l’ouverture du procès, nous devions faire un effort supplémentaire pour trouver un moyen de le retransmettre ; pour les habitants des zones éloignées mais aussi de Bangui – alors que le nombre de cas de COVID-19 ne cessait d’augmenter, et à la suite de la flambée de violence de décembre 2020 qui avait secoué la République centrafricaine.

Tout semblait être en place pour empêcher le public de suivre ce procès.

Quelle alternative ?

De nombreux journalistes et autres membres de la société civile gardent le contact au quotidien avec la Cour pour connaître le calendrier du procès, mais également pour savoir comment le suivre.

Pour ce procès, le Bureau de la Sensibilisation de la CPI en RCA comptait sur une retransmission continue. Malheureusement, face aux défis logistiques, sécuritaires et sanitaires, nous étions limités. Mais, j’avais confiance que l'écho irait au-delà de Bangui, vers Berbérati, Bouar, Birao ou Bria, et aussi au-delà des frontières de la Centrafrique. Ceci grâce aux médias.

Nous avons dû chercher un moyen et un endroit  pour diffuser le procès. Nous avions besoin d'un partenaire fiable, et nous l’avons trouvé au sein de la Cour pénale spéciale (CPS).

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 Le bureau de la CPI en RCA, le cas échéant, compte tenu de l'indépendance de chaque juridiction, coordonne régulièrement des activités avec les juridictions nationales et la Cour pénale spéciale – une cour hybride, composée de magistrats internationaux et nationaux, établie par les Nations Unies et le gouvernement centrafricain. Ces acteurs sont impliqués dans la justice transitionnelle et la réconciliation en RCA. Les trois juridictions indépendantes – la CPI, la CPS et la justice nationale – ainsi que tout un éventail d'acteurs de la justice, œuvrent toutes pour la justice en RCA. Nos efforts de communication les uns avec les autres servent un même objectif : mettre fin à l'impunité.

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Le jour des déclarations d’ouverture, plus de 130 personnes – représentants de victimes, autorités internationales et nationales, et journalistes – se sont rendues à la Cour pénale spéciale à Bangui et y ont suivi les déclarations en direct, malgré les milliers de kilomètres qui les séparaient de la salle d’audience de la CPI. L'émotion était très présente parmi les participants.

La salle a frissonné lorsque l'Accusation a dressé la liste des charges. Les participants ont ensuite écouté attentivement les interventions de la Défense et des Représentants légaux des victimes.

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« L’ouverture du procès est le début de la manifestation de la vérité » : ces mots nous sont parvenus après.

« Le procès donnera de l'espoir à ceux qui n'ont pas toujours confiance en la justice. Dans nos associations respectives, les membres sont parfois découragés. Ils s'inquiètent de la lenteur des procédures. Mais je pense qu'avec l'ouverture de ce procès, nous reviendrons vers eux pour leur dire que la justice a commencé à faire son travail », a ajouté l’une des responsables des associations de victimes.

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Le grand écran installé dans la salle de la Cour pénale spéciale pour la diffusion du procès faisait partie d'une campagne en cours, « Le Grand Débat sur la Justice », conçue pour permettre l'accès à l'information à tous. Ce mécanisme, aujourd'hui connu du grand public grâce aux émissions radio et de grandes affiches urbaines, est une alternative qui réduit la distance entre le lieu du procès et le public.

Quelques mois plus tard, je me demande : malgré la distance, malgré la pandémie, sommes-nous parvenus à permettre l'accès à l'information ? En entendant les voix des victimes et leur soif de justice, je pense oui.

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Le récit de Julien : une délégation en visite à La Haye

« Les membres de la délégation ougandaise sont montés à bord du vol en partance d’Entebbe dans la soirée et ont voyagé pendant la nuit. J'ai suivi le vol sur mon téléphone. Le matin, j'ai reçu un SMS du chauffeur: tout le monde était sain et sauf, et déjà en route pour la Cour ». Je m’appelle Julien. Je suis membre de l'Unité de la sensibilisation de la CPI à La Haye. Voici l'histoire de l'une des visites de délégation que j'ai aidé à organiser.

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Le but des « visites de parties prenantes » est de maintenir un lien entre la Cour et les personnes vivant dans les zones où des crimes en procès ont été commis, afin de leur permettre de visualiser comment la Cour travaille, et de bâtir la confiance et le soutien malgré la distance. La visite de mars 2020 n'a pas fait exception. Un groupe de 11 leaders communautaires et religieux, de représentants d'ONG et de journalistes est arrivé à La Haye pour assister aux déclarations de clôture dans l'affaire Dominic Ongwen.  

Après un mois de préparatifs, je me sentais comme un gamin le premier jour d'école: pas vraiment sûr de comment tout se passerait, mais heureux de rencontrer de nouvelles personnes.

Préparatifs

Une grande partie de l’organisation de ce genre d’évènements consiste en une planification méticuleuse – avant, pendant et après la visite. Choisir les sujets de discussion, contacter les intervenants, planifier les réunions, confirmer l'accès aux audiences, faire des mises à jour au programme … et aussi garder un œil sur la montre et les personnes, réserver les navettes et l’hôtel, les repas – voici là que quelques-uns des éléments de ma liste. Et si passer une telle liste en revue peut être source de stress, les rencontres avec des personnes vivant à des milliers de kilomètres du siège de la Cour sont une expérience enrichissante. Non seulement professionnellement, mais aussi au niveau personnel.

Une visite pas comme les autres

Cette visite a commencé comme toutes les autres, avec des présentations, autour d'une tasse de café ou deux. Avec une collègue, nous nous sommes présentés, nous avons parlé du programme, en en apprenant aussi un peu plus sur tout le monde, en posant des questions sur leurs besoins dans les prochains jours. Trouver un endroit calme pour prier ou se détendre, organiser une visite au centre-ville ou acheter une carte SIM locale pour appeler à la maison : nous nous en chargerons, j’ai promis.

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Et alors que nous suivions la routine habituelle, cette semaine était tout sauf ordinaire. Avant l’arrivée du groupe, déjà, la menace d’une pandémie planait sur nos têtes. Et maintenant, pendant que le groupe était ici, la possibilité un confinement mondial  se dessinait . Nous n'avions pas de minute à abandonner à l’inquiétude alors que les questions continuaient à affluer: quelle était la situation sanitaire aux Pays-Bas ? Que se passait-il à la maison ? Pourrions-nous rentrer ? Dans une situation comme celle-ci, le silence est probablement votre plus grand obstacle. Nous étions en contact avec nos collègues en Ouganda ; nous leur demandions comment ils se sentaient et s’ils avaient des nouvelles informations, afin de rassurer le groupe et nous-mêmes.

Les niveaux de stress ont atteint leur paroxysme lorsque nous avions reçu un appel de l'hôtel indiquant qu'un de nos clients était tombé malade. Heureusement, il ne s’agissait que d’un malentendu. Il s'est avéré qu'il se sentait juste fatigué et qu'il voulait se reposer quelques heures.

Même sans un facteur de tension supplémentaire comme la possibilité d’une pandémie Covid-19, les visites de délégations peuvent être intenses. Et je ne parle pas seulement d'horaires remplis de réunions ou d'appels téléphoniques depuis les hôtels. Les audiences peuvent avoir un impact émotionnel, étant donné que certains membres d’un groupe peuvent avoir un lien personnel avec ce qui est débattu dans la salle d’audience.

Tout est bien qui finit bien  

Cinq jours passés avec un groupe peuvent paraître courts pour aborder tous les sujets importants. Cela est cependant suffisamment long pour permettre un échange plus profond et significatif sur les thèmes des victimes, de la justice, de la paix et de la vie après un conflit.

Le succès de ces visites est proportionnel à la satisfaction des personnes invitées par la CPI. Pour le personnel de la Cour à La Haye, elles sont une occasion unique de nouer une relation précieuse avec nos invités, mais aussi de mettre notre travail en perspective ; de voir l’impact de la Cour sur les survivants, ainsi que les autres membres de communautés, et de reconfirmer son importance.

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Julien’s story: Stakeholders visit to the Hague

“The group from Uganda boarded the flight in Entebbe in the evening, and flew in overnight. I followed the flight on my phone. In the morning, I got a text message from the driver: everyone was safe and sound, and already on their way to the Court”. My name is Julien. I am in the ICC Outreach team in The Hague and this is the story of one of the stakeholders visits I helped organize.

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The purpose of “the stakeholders visits” is to maintain a connection between the Court and the people living in the areas where crimes on trial have been committed; to see “with their own eyes” how the Court is working, and foster trust and support despite the distance. The visit in March 2020 was no exception. A group of 11 community and religious leaders, civil society representatives and journalists arrived in the Hague, to attend the closing statements in the Dominic Ongwen case.  

After a month of preparations, I felt like a kid on the first day of school: Not entirely sure how everything would go, but happy to meet new people.

Preparatory work

A big part of organising stakeholders visits consists of meticulous planning - before, during and after the visit. Choosing discussion topics, contacting speakers, scheduling meetings, securing access to the hearings, producing yet another draft of the program until the final version (that of course is subject to change) … and then keeping track of time and the people, booking transport and accommodation, catering – to mention just some of the items on my list. And while looking at a to-do list can be stressful, encounters with people living thousands of kilometres away from the seat of the Court is an enriching experience. Not only professionally, but also personally.

A visit like no other

This visit started as usual, with introductions, over a cup of coffee or two. Together with a colleague, we introduced ourselves, introduced the programme, slowly getting to know a little by little more about everyone, asking about their needs in the next few days. Finding a quiet place to pray or unwind, organizing a visit to the city centre, or purchasing local SIM card to call home - we’ll make it happen, I promised.

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And while we were following the usual routine, this week was certainly not the ordinary one. Already before the groups’ arrival, the threat of a pandemic was looming over our heads. And now, while the group was here, a worldwide lockdown became a possibility. We had no time to worry, but questions kept pouring our way: what was the health situation in the Netherlands? What was happening back home? Could we fly back? In a situation like this one, silence is probably the biggest obstacle. We were in touch with colleagues in Uganda, asking for their wellbeing and information, trying to provide some reassurance to the group, and ourselves.

Stress levels were reaching their highest when we’ve received a call from the hotel that one of our guests fell ill. Luckily, we were all a bit lost in translation. It turned out he was just feeling tired and wanted to stay in, for a few hours.

Even without an extra stress of the possibility of the Covid-19 pandemic, stakeholders visits can be intense. And I am not only talking about schedules packed with meetings or phone calls from hotels. The Court’s hearings could have emotional impact, especially on the visitors who may have a personal connection to what is discussed in the courtroom.

All’s well that ends well  

Five days spent with a group might not be enough to tackle all the important subjects. It is, however, sufficiently long to allow a deeper and meaningful exchange on the topics of victims, justice, peace and life after a conflict.

The success of these visits is best measured by the satisfaction of the people the ICC hosts. It is always our last session – before the coffee and departure. For us, stakeholders visits are a unique opportunity to form a precious connections but also to put our work in perspective; to see the impact of the Court on survivors and other community members and to confirm again why it is so important.

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Le récit de Jimmy : Assister au procès, c'est faire partie de l'histoire

En tant que chargé de la sensibilisation en Ouganda, je rapproche la Cour pénale internationale des communautés affectées par les crimes, vivant à plus de 15 000 kilomètres du siège de la Cour. En mars 2020, j'ai mené des communautés du nord de l'Ouganda où des crimes auraient été commis, à la galerie du publique de la Salle d'audience I, à La Haye.

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Onze personnes ont participé à la visite : des chefs religieux et culturels, des membres de la société civile et des journalistes couvrant le procès de Dominic Ongwen pour les médias nationaux et locaux du nord de l'Ouganda. Le but de la visite était d’assister à une étape importante dans l'affaire – les déclarations de clôture étaient prévues, après quatre ans de présentation des moyens de preuve. M. Ongwen est accusé de 70 chefs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre qui auraient été commis dans le nord de l'Ouganda, après le 1er juillet 2002. Les juges rendront leur verdict le 4 février 2021.

Cette visite, la troisième en son genre, ne ressemblait à aucune autre. Les préparatifs ont eu lieu tout au long du mois de mars, sur fond d'incertitudes autour de la pandémie COVID-19. La veille du voyage, des réunions se sont tenues à la fois à Kampala et à La Haye, pour évaluer l'impact de la pandémie sur la visite et discuter des mesures de protection et de sécurité. Les voyageurs devaient donner le dernier mot pour savoir s'ils souhaitaient entreprendre ce voyage. « Nous sommes prêts », a été la réponse.

Le lendemain, nous avons voyagé de Kampala à Entebbe, et environ 12 heures plus tard, nous sommes arrivés à La Haye. Bien que prêts pour le voyage, nous craignions l’inattendu lié au virus. Durant le voyage, les pensées silencieuses et l’atmosphère de malaise étaient palpables.

Malgré les craintes initiales et quelques frayeurs, tout s’est bien passé.  Même lorsque nous avions reçu un appel du directeur de l’hôtel nous informant que l’un de nos visiteurs était tombé malade, cela s’était avéré une fausse alerte ; une courte conversation en langue locale, en acholi, l’avait bien confirmé. Pour quelques instants, cependant, nous étions pris de panique, ne sachant quoi faire ni comment gérer cet imprévu.

Au cours de la visite, les participants ont assisté aux audiences, rencontré des fonctionnaires de la Cour et mené des entretiens.

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Leurs impressions se résument en un mot: la gratitude. Gratitude pour l’efficacité, l’ouverture et le professionnalisme avec lesquels le procès a été tenu. Ils étaient heureux d’avoir pu assister aux procédures dans la salle d'audience et faire partie de l'histoire. Suivre le procès en personne signifiait recueillir des expériences de première main qu'ils partageraient plus tard avec les communautés locales.

Quant à moi, cette visite, le procès, et mes 16 années à travailler à la Cour… c’est le travail d’une vie accompli.

Dès le début du procès Ongwen, il fallait rapprocher les procédures et la salle d’audience des communautés affectées. Au cours des années, nous avons développé divers outils, programmes et moyens d’échanger avec le public sur le procès :  non seulement à travers des projections de résumés du procès, des émissions de radio, un dialogue intercommunautaire et des sessions questions-réponses, mais également des visites à La Haye pour assister en personne aux procédures. Six visites ont eu lieu jusqu’à présent.

Le résultat ? Une meilleure compréhension de la Cour et de son mandat. J’ai pu témoigner d'un changement constant de perceptions au sein de la population, laissant place à une interaction et une participation de plusieurs parties prenantes aux différentes activités de la Cour. Le fait d’avoir pu apporter ma petite contribution à ce changement, m’apportera toujours une grande satisfaction.

Je suis heureux en voyant les expositions photos de la Cour, montrant notre engagement avec les communautés, car c’est un rappel constant que nos efforts ne seront jamais vains.

Pour moi, cela a été toujours le but ultime des activités de sensibilisation : établir une communication durable et directe, pertinente et utile, pour des dizaines de milliers de victimes et communautés affectées par les crimes. C'est la pierre angulaire ; c'est au cœur même de notre travail.

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Jimmy’s story: To witness the trial is to be part of history

As an outreach officer in Uganda, I bring the International Criminal Court closer to the communities affected by crimes, living more than 15 thousand kilometres away from the seat of the Court. In March 2020, I was bringing communities from Northern Uganda where crimes have been allegedly committed, to the public gallery of Courtroom I, in the Hague.

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 Eleven people joined the visit: religious and cultural leaders, civil society groups and journalists covering the Dominic Ongwen trial for national and local media in Northern Uganda. The purpose of the visit was to witness an important milestone in the case – closing statements were scheduled, following four years of evidence presentation. Mr Ongwen is charged with 70 counts of crimes against humanity and war crimes allegedly committed in Northern Uganda, after 1 July 2002. Judges will deliver their verdict on 4 February 2021.

This visit, the third I organised, was like no other before. Preparations took place throughout March, amid uncertainties over COVID-19 outbreak. The night before the trip, meetings were held, both in Kampala and the Hague, to assess the impact on the visit, and discuss protective and safety measures. Travellers were to give the final word on whether they would like to embark on this trip. ‘We are ready’, was the response.

The next day, we travelled from Kampala to Entebbe, and some 12 hours later, we reached the Hague. Though ready for the trip, we were all fearing the unknowns related to the virus. Throughout the journey, one could ‘hear’ silent thoughts, sense and feel the atmosphere of unease.  

 Despite the initial fears, and a few scares, all went well, even when we’ve received a call from the hotel manager, informing us that one of our guests got sick. It was a false alarm, a short conversation in local language, Acholi, confirmed. For a few moments, though, we were all in panic, not knowing what to do or where to start managing the novel situation.

 During the visit, the delegates attended court sessions, held meetings with court officials, and conducted interviews.

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Gratitude was the word they used to describe their impressions. Gratitude how efficient, open and professionally the trial was handled. They were happy they could witness the process in the courtroom and be a part of history. Following the trial in person meant gathering first-hand experiences they would later share with local communities.

As for myself, looking back at this journey, the trial, and the past 16 years I have been working at the Court, this has been a life’s work achieved.

At the beginning of Mr. Ongwen’s trial, it was the time to bring the process and the courtroom to the backyard of the affected communities. As years have passed, we developed various tools, programs and means of engaging the public in trial proceedings: through screenings of the trial summaries, radio listening clubs, intercommunal dialogue, feedback sessions, but also visits to The Hague to physically witness the process. So far, there have been six such visits.

As a result, there is now increased understanding of the ICC and its mandate. I witnessed a steady change of perceptions among population, making way to interaction and involvement of various stakeholders in different activities of the Court. It will always bring satisfaction knowing I have been able to make a humble contribution to this shift. Photo exhibits at the Court, showing our engagement with the communities, bring me joy, reminding us all that our efforts were not in vain.

For me, this has always been the goal of outreach activities: to establish a sustainable two-way communication, relevant and useful for tens of thousands of victims and victims’ communities out there. This is the cornerstone; this is at the very heart of our work.

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Le récit de Martin : Le procès de La Haye dans la ville de Gulu

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Depuis l'audience de confirmation des charges en janvier 2016, des projections vidéo en direct, en particulier dans la ville de Gulu, dans le nord de l'Ouganda, ont permis aux victimes et aux communautés affectées de suivre en temps réel, avec un siège au premier rang, la procédure judiciaire dans le procès de Dominic Ongwen. L'intention était la même le 10 mars 2020, lors de la présentation des déclarations de clôture dans cette affaire.  Le procès a commencé en 2016, sur la base de crimes présumés qui auraient été commis depuis 2002, lors d'un conflit armé entre l'Armée de résistance du Seigneur et les autorités nationales.

Le lieu où la projection aurait lieu était fin prêt et n’attendait plus que l'arrivée des premiers visiteurs. Dès 8h30, quelques heures avant la projection, les premiers membres de la communauté étaient déjà arrivés sur les lieux. Principalement des personnes âgées, qui ont parcouru de longues distances pour assister aux déclarations de clôture. La salle se remplissait rapidement, avec environ 400 personnes assises : femmes, personnes âgées, leaders, groupes de victimes, personnes handicapées.

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Notre programme a débuté vers 11h00, une heure avant la projection, avec un récapitulatif des étapes passées du procès, une brève session de questions-réponses et l'explication de ce qui allait se passer lors de la présentation des déclarations de clôture. C'est toujours un plaisir de voir la profonde compréhension qu’on les gens d’un processus judiciaire complexe comme celui de l’affaire Dominic Ongwen. Ils connaissent les charges, les lieux concernés par l’affaire, même les principaux arguments des parties et des participants. Ces connaissances sont le témoignage que la participation est en quelque sorte une responsabilisation.

À exactement midi, le grand écran du projecteur, monté devant la « Cour » à Gulu, diffusait les images en direct. On entend « Dano weng gu-aa malo » (la traduction Acholi de « Veuillez-vous lever! »).  Comme cela est devenu la pratique lors des activités de sensibilisation, toutes les retransmissions en direct ont été faites en Acholi, la langue principalement parlée par les victimes et les communautés du nord de l'Ouganda.

Un silence glaçant a suivi dans l'assistance, alors que l'affaire était présentée et que le juge président donnait la parole à l'Accusation, qui prendrait le reste de la journée pour ses conclusions orales. Les avocats des victimes furent les deuxièmes à présenter leurs arguments, tandis que le troisième jour fut réservé à la Défense. Au milieu d'une communauté calme mais pleinement engagée dans les débats, les sessions de 90 minutes, suivies de pauses d'une demi-heure, se sont rapidement transformées en sessions de questions-réponses.

On entend de nouveau « Dano weng gu-aa malo! » depuis les haut-parleurs. À notre grande surprise, tout le monde dans la salle de projection de Gulu s'est levé en conformité. Absorbés par la procédure, les personnes qui assistaient au procès vivaient l'atmosphère même de la procédure dans la salle d'audience de La Haye. Si ce que nous souhaitions était de faire vivre l'expérience du procès et de la salle d'audience aux victimes et aux communautés affectées de Gulu, alors c'était un signe clair que nous nous étions surpassés !

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Si vous ressentez une pincée de satisfaction, ou même une pointe de fierté dans mon ton, vous ne vous trompez pas. En tant que chargé de la sensibilisation, j'ai vécu ce procès avec les victimes. J'ai entendu leurs peurs, leurs frustrations et leurs doutes. J'ai également vu leur patience pendant ce long processus. Voir les communautés de Gulu se lever alors que l’huissier de justice annonce « Veuillez-vous lever! » est une démonstration apparemment simple, mais très forte, de la raison pour laquelle nous faisons ce que nous faisons : permettre aux victimes et aux communautés affectées de participer au procès. Pendant trois jours, la salle d'audience est passée du siège de la Cour à La Haye au siège du district de Gulu, les victimes et les communautés affectées occupant le premier dans l’assistance.

Alors que nous attendons que les juges rendent le verdict dans l'affaire Dominic Ongwen, je suis convaincu que les victimes et les communautés du nord de l'Ouganda ont été responsabilisées et ont participé de manière significative au processus judiciaire. Je suis honoré de faire partie de leur processus.

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Martin’s story: The Hague trial in Gulu town

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Ever since the confirmation of charges hearing in January 2016, live video screenings, especially in Gulu town, Northern Uganda, were the way to give the victims and affected communities a real-time experience, a front seat in the judicial proceedings in the Dominic Ongwen trial. The intention was no different on 10 March 2020, during the presentation of closing arguments in this case.  The trial started in 2016, on the charges of alleged crimes committed since 2002, during an armed conflict between the Lord’s Resistance Army and the national authorities.

The venue where the screening would take place was all set, waiting for the first visitors to arrive. As early as 8:30, hours before the actual screening, the first community members had already arrived at the venue. Mainly senior people, travelling long distances to witness the closing statements. The hall was getting fuller by the minute, with about 400 people seated: women, senior citizens, leaders, victims’ groups, disabled persons.

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Our program kicked off at around 11:00, one hour before the screening, with the recap of the past stages of the trial, short questions and answers session and the explanation of what was to happen during the presentation of the closing arguments. It is always a delight to witness people’s deep understanding of the complex judicial process such as the one in the case of Dominic Ongwen. They know the charges, the case locations, even major arguments of the parties and participants. The knowledge shown is a testimony in a way, that “participation is empowerment”.

Exactly at noon, the wide projector screen, mounted in front of the “Court” in Gulu, beamed with live pictures. “Dano weng gu-aa malo” (the Acholi translation of “All rise!”), we hear.  As has become the practice during Outreach activities, all live broadcast of the proceedings have been done in Acholi, the language predominantly spoken by the victims and communities in northern Uganda.

A chilling silence from the “audience” followed, as the case was introduced and the presiding Judge handed the floor over to the prosecution, taking the rest of the day to close their case. The second to present their arguments were the victims’ legal counsels, while the third day was reserved for the defence. Amidst a quiet yet fully engaged community watching the proceedings, the 90 minutes long sessions, followed by half-hour breaks, quickly turned into Q&A sessions.

Dano weng gu-aa malo!” busted from the speakers, again. To our shock and amazement, everybody in the screening hall in Gulu stood up in conformity. Absorbed in the proceedings, people watching the trial were experiencing the very atmosphere of the proceedings in the courtroom in The Hague. If what we desired was to bring to life the experience of the trial right from the courtroom to the victims and affected communities in Gulu, then this was a clear indication that we had outdone ourselves!

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If you sense a pinch of satisfaction, or even a little pride in my tone, you are not mistaken. As an Outreach officer, I travelled a major part of the journey with the victims during this trial. I have heard their fears, frustrations and doubts. I have also seen their patience during the long process. To see the communities from Gulu rise as the court official announced “All rise”, is a seemingly simple, yet very strong demonstration of why we do what we do - to enable victims and affected communities to participate in the trial process. For three days, the courtroom moved from the seat of the Court in The Hague, to the District Council Hall in Gulu, with the victims and affected communities taking a front seat in the proceedings.

As we wait for the Judges to reach the verdict in the Dominic Ongwen case, I feel confident that the victims and communities across northern Uganda have been empowered, taking a meaningful part in the judicial process. I am honoured to be part of their journey.

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